À l’automne, en pleine période betteravière, les récoltes étaient amenées vers les usines de traitement par le rail tout comme le transport de pulpe principalement utilisée pour l’alimentation des bovins en substitution des fourrages.
Un peu d’histoire des chemins de fer et de notre économie permet de mieux comprendre cet inhabituel trafic de marchandises au sein des villages et de certaines entités plus urbanisées. En Belgique, il y avait deux types de lignes de chemins de fer : celle des chemins de fer nationaux dès 1835 et celle du vicinal à partir de 1884, qui se sont développées fin du XIXe siècle et début du XXe. À cette époque, le transport de marchandises se faisait essentiellement par chariots et voies navigables. Le trafic marchandises par la SNCV venait en complément du grand chemin de fer et tous deux ont contribué au développement, particulièrement bucolique, de l’industrie sucrière et du traitement des betteraves à chaque automne.
Environ 1.000 hectares de betteraves bonnes à détruire
Dénommées “chemins de fer vicinaux”, ces lignes secondaires ont pour but d’offrir un service public de transport aux populations des zones rurales et de dynamiser l’activité économique du pays en transportant marchandises et produits agricoles. On trouvait même de petits raccordements industriels dans certains bois pour le transport du bois et des arbres abattus, ou vers des petites sociétés, ou encore pour desservir des carrières et des tailleurs de pierres. Le tram vicinal était le relais le mieux adapté entre la petite industrie locale et le grand chemin de fer de l’époque, à travers les villages, souvent le long des routes provinciales.
Provenant du latin “vicinus” signifiant “voisin”, le mot vicinal se retrouve le plus souvent dans les expressions “chemins vicinaux, voirie vicinale, sentier vicinal ou chemins de fer vicinaux…” où il désigne un réseau de communications reliant entre eux des villages voisins. En Belgique, “vicinal” est donc aussi synonyme de “tram”, société reprise depuis par le TEC ou De Lijn en fonction des régions.
Vers Wavre par exemple
En Brabant wallon, les betteraves transportées par les trams ou par ces convois vicinaux étaient destinées à la “Sucrerie de Bierges”, située à côté de la gare vicinale de ce village de l’entité de Wavre. La sucrerie était alimentée par deux lignes vicinales ; celle en provenance de Braine-l’Alleud et Waterloo par Rixensart, et celle de Jodoigne à Wavre par Grez-Doiceau. Ces convois arrivaient à destination de la gare vicinale de Bierges. De là, ils étaient acheminés à l’intérieur de la sucrerie par des petites locomotives à vapeur.
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La sucrerie, reprise en 1884 par l’ingénieur Jules Larochaimont et l’industriel Léon Naveau, portera la dénomination officielle “Naveau et Cie, Sucrerie de Wavre”. L’entreprise avait l’avantage du transport par rail, tant pour l’approvisionnement en matières premières que pour l’expédition de produits finis. En 1975 la sucrerie de Wavre arrêta ses activités pour d’impératifs motifs économiques.
Depuis la récolte s’effectue par camions, et les belles images de trams vicinaux tractant des wagons chargés de betteraves appartiennent bien à l’histoire agricole des régions.