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Les nanars de requins, un genre cinématographique assumé et complètement délirant



Mais voilà, entre la réalité et la perception qu’on en a, il y a une grande différence. Et le cinéma s’est, depuis, engouffré dans la brèche. On ne compte plus les films mettant en scène de voraces squales. En 2018, c’était en En eaux troubles qui cartonnait en salle. Sans oublier la saga Sharknado en télévision. Aujourd’hui, c’est Sous la Seine qui s’apprête à faire de même, sur Netflix cette fois.

À 100 jours des Jeux Olympiques de Paris, un requin terrorise la seine

En eaux troubles (Meg, en anglais), de Jon Turtelbaub, mettait en scène Jason Statham et s’est hissé au sommet du box-office mondial malgré la concurrence d’un poids lourd comme Mission : Impossible Fallout. Le film avait à l’époque enregistré plus de 310 millions $ de recette. Ça reste loin du milliard (en monnaie actualisée !) qu’a rapporté Les dents de la mer rien qu’aux États-Unis dans les années 70, mais ça n’empêche pas au film d’avoir enregistré un succès colossal.

Grand angle sur les requins: un massacre XXL

Comme pour toutes les productions du genre, le scénario était simple : un gigantesque requin, en l’occurrence un mégalodon, créature préhistorique de 23 mètres de long que l’on croyait éteinte, s’en prend à l’homme, ici une équipe de chercheurs à bord d’un sous-marin. Avec 130 millions $ de budget, En eaux troubles est une superproduction hollywoodienne, le coût moyen d’un film américain tournant autour d’une trentaine de millions $. Jon Turtelbaub surfe sur la vague initiée en 1975 par Steven Spielberg avec Les dents de la mer et régulièrement redynamisée par toute une série de productions plus délirantes les unes que les autres, mettant en scène un ou des squales.

La saga Sharknado

Il y a 49 ans, le réalisateur américain ne se doutait pas que sa terrifiante créature mécanique allait donner naissance à un genre toujours très en vogue, celui des blockbusters de requin. Malgré un passage à vide dans les années 90 – peu de films et peu de recettes -, la peur du grand blanc et de ses congénères de la même espèce, a repris du poil de la bête depuis quelques années grâce à la saga Sharknado lancée en 2013 sur la chaîne américaine SyFy.

Pour tourner le premier volet, avec sa tornade de requins s’abattant sur Los Angeles, le réalisateur Anthony C. Ferrante, qui a signé tous les autres épisodes, n’a disposé que d’un seul million $ de budget. Une enveloppe ridicule au regard de l’investissement mis dans En eaux troubles. Mais l’effet a été saisissant. Il aura suffi que les réseaux sociaux s’emparent de la chose pour en faire un phénomène devenu désormais culte. Malgré de bonnes audiences sur SyFy (1,37 million de téléspectateurs), c’est via Twitter que tout s’est emballé. Au pic de sa célébrité, le film générait plus de 5.000 tweets par minute à son propos. Et la suite sortie un an plus tard, confirmera l’engouement. Près de 4 millions de téléspectateurs, plus d’un milliard de tweets ! Et nombreuses furent les célébrités en mal de notoriété qui acceptèrent d’apparaître dans les numéros suivants pour se refaire une jeunesse : de Bruno Salomone à Olivia Newton-John en passant par David Hasselhoff, Lou Ferrigno, George R R Martin (l’auteur de Game of Thrones), la youtubeuse Natoo.

Des nanars assumés

Qu’on ne s’y trompe pas, Sharknado et la myriade de films du genre qui ont envahi Internet et les chaînes de télévision, n’entendent pas concurrencer Les dents de la mer, contrairement à d’autres comme La mort au large ou Cruel Jaws. Ces productions sont des nanars parfaitement assumés qui jouent allègrement la carte de la parodie aux titres et aux scénarios tous plus invraisemblables les uns que les autres. Ghost Shark où l’histoire du fantôme d’un requin revenu pour se venger, Les dents de la neige dans lequel un requin préhistorique attaque des vacanciers à la montagne, Sharktopus vs. Pteracuda où une créature mi-requin mi-pieuvre en affronte une autre, mi-ptérodactyle mi-anaconda. Et que dire de L’attaque du requin à 5 têtes (la suite de L’attaque du requin à deux têtes qui précédait celui à trois têtes…) ou de La planète des requins, remake de La planète des singes… Si l’on excepte Instinct de survie ou 47 meters down aux ambitions plus sérieuses, c’est la pêche à la surenchère : toujours plus gros, toujours plus improbable, toujours plus fou.

700 requins dans la nuit: un rassemblement unique en son genre

Les délires sont tels qu’on en viendrait presque à oublier – si tant est qu’on l’ait su un jour – que le film à l’origine de tout cela, Les dents de la mer, est aussi en partie responsable de la sale réputation qui colle à la peau des squales et donc de l’effroi qu’ils suscitent. L’apparition du moindre aileron fait resurgir chez la plupart des gens les terrifiantes images du film de Spielberg. Et que dire des attaques, rares mais toujours possibles. Peter Benchley, l’auteur du roman à l’origine des Dents de la mer, l’a bien compris et s’est régulièrement excusé de l’image négative qu’il a engendrée de l’animal.

Le réalisateur de la saga Sharknado a-t-il éprouvé le même sentiment de culpabilité ? Probablement pas. Il n’empêche, Anthony C. Ferrante a décidé que le sixième volet sera le dernier. Il est sorti en 2018. Pour ce dernier round, il baladera ses sanguinaires mâchoires de synthèse dans le temps, de la préhistoire à l’époque des cow-boys. On ne change pas une recette qui fonctionne.



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Written by elitebrussels

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