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Avec le guitariste Julian Lage, le jazz prend le large


Julian Lage, le 25 août 2023, à Nashville, dans le Tennessee.

Son nouvel album s’intitule Speak to Me, un titre parfait pour un musicien qui laisse volontiers la parole aux autres dans ce monde trop bavard et ne s’exprime qu’avec doigté. Sideman du vibraphoniste Gary Burton et, plus récemment, du saxophoniste et flûtiste Charles Lloyd, membre du New Masada Quartet ranimé par John Zorn, le guitariste américain Julian Lage mène depuis 2009 une belle carrière en leader qui lui a valu de signer en 2021 avec Blue Note. Selon le slogan de la prestigieuse maison, « le meilleur du jazz depuis 1939 ».

Un terme qui, chez Lage, embrasse large. Speak to Me fait entendre les multiples facettes de son art, qu’il soit acoustique ou électrique, en solo ou au sein du trio qu’il a formé avec le contrebassiste Jorge Roeder et le batteur Dave King, renforcé à l’occasion d’un piano préparé, d’une clarinette ou d’un saxophone. Et une grande variété de genres, blues (Northern Shuffle), folk californien (Omission), romance (Serenade) ou envies latines (Speak to Me). La guitare peut être espagnole quand plane l’ombre d’Andrés Segovia (Myself Around You), ou manouche quand c’est celle de Django (Two and One).

Un festival de possibles qui ne tourne jamais à la démonstration car Julian Lage met toute sa virtuosité au service de la mélodie (les sublimes Hymnal et Tiburon) et d’une sensibilité lyrique. Avec exclusivement des originaux, l’instrumentiste s’affirme comme un compositeur de premier plan dans un registre que l’on pourrait qualifier de « chansons sans paroles », pour reprendre l’expression qu’avait choisie Felix Mendelssohn avec ses pièces pour piano des années 1830-1840.

Improviser sur des discours

« Je me passe des mots car je dispose de notes, de rythmes et de hauteurs, observe Julian Lage. Mais j’aime les structures permettant de raconter des histoires. Penser en termes de narration et partir d’une architecture qui évolue. Mon père guitariste me disait qu’idéalement il ne faut pas ressentir la même chose au début et à la fin d’un morceau. Les chansons peuvent être de formidables vecteurs d’expression, mais elles peuvent aussi énormément limiter, surtout quand les paroles se répètent. »

Le musicien, qui a pu improviser en s’exerçant sur des discours de l’écrivain James Baldwin (1924-1987), « fasciné par le tempo de la phrase, son swing et son flow », doit tout de même recourir au lexique pour baptiser ses instrumentaux : « J’ai une longue liste de titres, des milliers. Chaque fois que j’entends une phrase ou un mot qui me plaît, je le note et peux m’en servir quand la musique a été enregistrée. Le but n’étant pas d’en résumer le contenu mais de laisser une ambiguïté pour que l’auditeur puisse se projeter. »

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Written by elitebrussels

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