Deux membres du personnel de l’ambassade israélienne ont été tués par balles, mercredi 21 mai dans la soirée, près du musée juif de Washington, a annoncé la secrétaire à la sécurité intérieure des Etats-Unis, Kristi Noem.
Les deux victimes, un homme et une femme, quittaient un événement organisé au musée lorsque le suspect a ouvert le feu, a déclaré la cheffe de la police métropolitaine, Pamela Smith, lors d’une conférence de presse. Il avait été observé en train de faire les cent pas à l’extérieur du musée avant la tuerie. Il est entré dans les lieux après les tirs et a été arrêté par la sécurité de l’événement, a expliqué Mme Smith.
Selon Yoni Kalin, un témoin cité par Associated Press (AP), lorsque l’homme est entré, visiblement angoissé, dans le musée, plusieurs personnes qui avaient entendu les coups de feu lui ont apporté de l’eau, pensant qu’il avait besoin d’aide, sans se rendre compte qu’il était l’auteur. A l’arrivée de la police, il a sorti un keffieh rouge et a crié à plusieurs reprises : « Free, free Palestine ! » (« Libérez, libérez la Palestine ! »), a expliqué M. Kalin. Des propos qu’il a répétés lors de sa garde à vue, selon la cheffe de la police.
L’événement organisé au musée concernait l’aide humanitaire, selon ce témoin, avec des questions comme : « Comment pouvons-nous concrètement aider à la fois les habitants de Gaza et ceux d’Israël ? Comment pouvons-nous rassembler musulmans, juifs et chrétiens pour travailler ensemble et aider concrètement des innocents ? » « Et voilà qu’il assassine deux personnes de sang-froid », a déploré M. Kalin.
L’ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Yechiel Leiter, a déclaré que les deux personnes tuées étaient un jeune couple sur le point de se fiancer. L’ambassade a publié sur X une photo des victimes souriant et le ministère des affaires étrangères israélien les a identifiés comme étant Yaron Lischinsky, âgé de 28 ans, selon le Times of Israel, et Sarah Lynn Milgrim, citoyenne américaine de confession juive, selon le journal.
Le ministre des affaires étrangères allemand, Johann Wadephul, a précisé lors d’un débat au Bundestag que la victime masculine avait « aussi un passeport allemand ».
Trump condamne d’« horribles meurtres » motivés par « l’antisémitisme »
Le président américain, Donald Trump, a rapidement condamné cette attaque. « Ces horribles meurtres à Washington, évidemment motivés par l’antisémitisme, doivent cesser, maintenant ! », a-t-il réagi sur son réseau, Truth Social. « La haine et le radicalisme n’ont pas leur place aux Etats-Unis », a-t-il ajouté. « C’était un acte éhonté de violence lâche et antisémite. Ne vous y trompez pas : nous retrouverons les responsables et les traduirons en justice », a écrit sur X le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio.
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Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a affirmé que ces tirs résultaient d’une « furieuse incitation » à la violence contre Israël. Il a également dit avoir ordonné le renforcement de la sécurité des représentations israéliennes dans le monde. Sur la messagerie Telegram, il a dénoncé un « meurtre antisémite choquant ».
Le président israélien, Isaac Herzog, s’est dit « dévasté ». « Nous soutenons la communauté juive de Washington et de tous les Etats-Unis. L’Amérique et Israël resteront unis pour défendre notre peuple et nos valeurs communes. La terreur et la haine ne nous briseront pas », a-t-il notamment déclaré. Danny Danon, l’ambassadeur d’Israël auprès des Nations unies, a, lui, qualifié la tuerie d’« acte dévoyé de terrorisme antisémite ».
Le chef de la diplomatie israélienne met en cause des pays d’Europe
« La haine, l’extrémisme et l’antisémitisme n’ont pas et ne devraient pas avoir de place dans nos sociétés », a réagi sur X la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, qui s’est dite « choquée ». Sur le même réseau, Emmanuel Macron a évoqué une « attaque antisémite ». « Au président Isaac Herzog, j’ai adressé nos pensées pour les familles et les proches des victimes », a-t-il ajouté. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, a dénoncé sur X un « acte odieux de barbarie antisémite » que « rien ne peut justifier ».
« Il existe un lien direct entre l’incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, et ce meurtre. Cette incitation est également le fait de dirigeants et de responsables de nombreux pays et organisations internationales, particulièrement en Europe », a déclaré le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, lors d’une conférence de presse à Jérusalem. Des propos que la diplomatie française a jugés « parfaitement outranciers et parfaitement injustifiés ».
En France, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, a demandé aux préfets de « renforcer la surveillance des sites liés à la communauté juive ». Dans un télégramme consulté par l’Agence France-Presse (AFP), il précise que les dispositifs mis en place doivent être « visibles et dissuasifs ».