Or, le “génie” est retors. Dans ses attaques, Elon Musk fait mine d’oublier les aides publiques dont ses entreprises ont bénéficié – près de 5 milliards de dollars aux États-Unis. L’État fédéral a contribué au quasi-monopole de Tesla. De même l’homme qui, au nom de la liberté d’expression, s’arroge le droit de critiquer des mandataires élus ou des juges, a modifié l’algorithme de X afin que ses messages bénéficient du plus grand écho possible.
Derrière Elon Musk, comment la “mafia de la Silicon Valley” prend le pouvoir à Washington
Sans légitimité électorale, son pouvoir est sans précédent dans l’Histoire. Et, comme celle de Donald Trump, sa vision des affaires et du monde est transactionnelle : en novembre, il a fait le lien, sur X, entre la contribution des États-Unis à l’Otan et le Règlement sur les services numériques (DSA) de l’Union européenne. Son réseau X est poursuivi pour violations de celui-ci. Elon Musk pourrait se voir infliger une amende allant jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial annuel de toutes ses entreprises. Soit plusieurs milliards d’euros – de quoi éclairer sa volonté de peser sur les élections en Europe.
“Elon Musk est obsédé par le déclin démographique des hommes blancs, au point de flirter avec des idées eugénistes”
Le défi est de taille pour les autorités – tous pays confondus. Ignorer Elon Musk, c’est le laisser répandre son fiel et ses approximations quand ce n’est pas de la désinformation. Lui répondre, a fortiori sur X, c’est faire son jeu. Sans porter atteinte à leurs valeurs – dont les libertés d’expression et d’entreprendre – les démocraties affrontent avec Elon Musk à un défi inédit. Mais qu’il devient urgent de relever.