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La peine de mort recule dans le monde, mais elle bat son plein au Moyen-Orient



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Paradoxalement, le nombre de nouvelles sentences capitales prononcées dans le monde est en net recul. L’organisation de défense des droits de l’homme affirme qu’au moins 2 087 nouvelles peines de mort ont été prononcées en 2024, dans 46 pays, alors que ce nombre s’élevait à au moins 2 428 dans 52 pays, un an plus tôt. Au total, au moins 28 085 personnes se trouvaient sous le coup d’une condamnation à mort à la fin de l’année dernière. Le chiffre n’est, a priori, pas prometteur d’une inversion de tendance dans les prochaines années, bien que des personnes condamnées à mort aient bénéficié l’an dernier d’une commutation ou d’une grâce, dans dix-huit pays du monde. Neuf personnes condamnées à la peine capitale ont aussi été innocentées : cinq en Malaisie, trois aux États-Unis et une au Japon.

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Des chiffres secrets

Une fois de plus, c’est en Chine que les exécutions capitales ont été les plus nombreuses, probablement plusieurs milliers selon l’ONG, qui précise toutefois ne pas pouvoir déterminer leur véritable ampleur en raison de leur caractère confidentiel. Ces données sont également classées “secret d’État” au Vietnam et en Corée du Nord, un pays où l’organisation estime que le recours aux exécutions capitales est massif. D’autres chiffres sont parfois indisponibles, comme pour la Palestine en raison de la guerre dans la bande de Gaza.

“Même si le secret entourant ce châtiment continue d’empêcher le recensement dans certains pays que nous pensons responsables de milliers d’exécutions, il est évident que les États qui maintiennent la peine capitale sont une minorité isolée. Seulement quinze pays ont exécuté des personnes en 2024, nombre le plus bas jamais enregistré pour la deuxième année consécutive, ce qui témoigne d’un recul progressif de ce châtiment cruel, inhumain et dégradant”, a déclaré la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

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Le Moyen-Orient dans les hauteurs

S’agissant des chiffres recensés, les hauteurs du classement mondial sont occupées par un groupe de pays du Moyen-Orient, en particulier dans la région du Golfe arabo-persique, qui représente plus de neuf exécutions sur dix dans le monde. La République islamique d’Iran s’affiche largement en tête avec l’exécution d’au moins 972 personnes condamnées à mort, faisant encore pire (quinze pour cent de plus) que l’année précédente. Suivent l’Arabie saoudite, qui double son score en un an avec au moins 345 exécutions, l’Irak qui le quadruple (passant de 16 à 63) et le Yémen (38). D’après Amnesty et d’autres ONG, qui s’appuient sur de nombreux des témoignages, ces chiffres sont parfois copieusement sous-estimés.

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En Iran, comme dans d’autres pays du Moyen-Orient, la peine de mort (parfois exécutée en public) constitue un puissant outil de répression politique, permettant d’instiller la peur dans la population et de réduire (définitivement) au silence les dissidents, manifestants ou militants des droits humains. D’après Amnesty, l’Iran a continué l’an dernier à recourir à la peine de mort pour punir des personnes qui avaient remis en question le régime de la République islamique pendant le soulèvement “Femme, vie, liberté”, commencé en septembre 2022.

Les femmes ne sont pas épargnées

Les exécutions capitales recensées à l’échelle mondiale n’épargnent ni les femmes ni les mineurs d’âge, bien que ces catégories ne représentent qu’un faible pourcentage du total. Trente condamnées sont ainsi mortes au bout d’une corde en Iran, neuf sous la lame d’un sabre en Arabie saoudite, tandis que deux autres ont été exécutées en Égypte, deux au Yémen et une en Irak. Au moins huit personnes – quatre en Iran et quatre en Somalie – ont été exécutées pour des crimes commis alors qu’elles avaient moins de 18 ans.

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Selon le pays, outre par pendaison et décapitation, les autorités judiciaires ont opéré la peine capitale par injection létale, exécution par balle et asphyxie par inhalation d’azote. Amnesty International rappelle qu’elle s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.

Amnesty estime que les jugements ayant prononcé la peine de mort sont nombreux à constituer des violations du droit international, car résultant de procès iniques, voire expéditifs où les droits des justiciables ne sont pas respectés ou pour des infractions considérées comme mineures. Ainsi, plus de quatre condamnations à mort sur dix, dans le monde, sont liées à des affaires de stupéfiants, ou de trafic de drogue. Outre la Chine, les exécutions pour de tels faits comptent quasiment pour la moitié des cas en Iran et elles s’élèvent à 35 % du total en Arabie saoudite.

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Le Royaume des Saoud a repris ses exécutions pour les infractions liées aux stupéfiants fin 2022, après les avoir arrêtées près de trois ans auparavant, et avoir même prononcé un moratoire l’année précédente. Il y a juste trois ans, le prince héritier (et dirigeant de facto du pays) Mohammed ben Salmane avait semblé faire un pas vers la fin de la peine de mort dans son pays, exception faite des cas où elle est prévue par la charia.

Les États-Unis se sont distingués pour la seizième année consécutive en étant le seul pays des Amériques à procéder à des exécutions, passant de 24 à 25, le chiffre le plus élevé depuis 2015.

Une lueur d’espoir a toutefois jailli de ce sombre constat en 2024. Pour la première fois, plus des deux tiers des États membres des Nations unies ont voté, le 17 décembre dernier, en faveur d’une résolution de l’Assemblée générale qui préconise l’instauration d’un moratoire sur le recours à la peine de mort. Bien que trois pays aient de nouveau prononcé des condamnations à mort après une interruption (Ouganda, Soudan et Soudan du Sud), 113 États ont désormais aboli la peine de mort pour tous les crimes, tandis que 145 l’ont fait en droit ou dans la pratique.



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Written by elitebrussels

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