Un porte-parole de l’Alliance atlantique à Bruxelles a confirmé “les preuves du déploiement de troupes de la Corée du Nord en Russie. Si ces troupes étaient destinées à combattre en Ukraine, cela marquerait une escalade significative du soutien de la Corée du Nord à la guerre illégale de la Russie”. Même écho de Lloyd Austin, le secrétaire d’État à la Défense américain, en route pour une réunion du G7 en Italie.
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Les craintes de la Corée du Sud
Des mercenaires étrangers combattent déjà pour la Russie, mais l’envoi de troupes régulières d’un État tiers est inédit. Cette escalade préoccupe les Occidentaux et leurs alliés asiatiques, notamment la Corée du Sud, toujours officiellement en guerre avec la Corée du Nord. Le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, a réagi en annonçant étudier “avec plus de souplesse” qu’auparavant la possibilité de fournir des armes à l’Ukraine.
Selon le service national de renseignement sud-coréen (NIS), quelque dix mille soldats nord-coréens doivent être déployés en Russie d’ici à décembre pour aider les troupes de Moscou à combattre les Ukrainiens. Trois mille militaires nord-coréens seraient déjà présents en Russie pour être formés à l’utilisation d’équipements offensifs, tels des drones.
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La Corée du Sud – dotée de la deuxième plus grande armée permanente au monde – doute de l’efficacité potentielle des forces nord-coréennes (de la “chair à canon” selon le ministre de la défense Kim Yong-hyun). Mais Séoul s’inquiète qu’en contrepartie la Russie aide la Corée du Nord à parfaire son programme nucléaire et de missiles.
Une clause secrète entre Moscou et Pyongyang
Ce 24 octobre, coïncidence, les députés russes ont voté à l’unanimité la ratification d’un “traité sur le partenariat stratégique global” avec la Corée du Nord. Ce traité prévoit en son article 4 “une aide militaire immédiate” en cas d’agression armée de pays tiers.
Selon le Wall Street Journal, cet accord comprendrait également une “clause secrète” qui autorise la Corée du Nord à envoyer environ un millier de soldats nord-coréens en Ukraine afin d’apprendre “comment mener une guerre, en s’appuyant sur l’expérience russe sur place”.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, affirme que des militaires nord-coréens sont déjà présents sur les territoires ukrainiens occupés par les Russes. Selon son chef du renseignement militaire, dix mille soldats nord-coréens “seront prêts […] dès le 1er novembre”. Pour l’Ukraine, cette évolution souligne un peu plus le décalage entre les précautions des Occidentaux, qui s’interdisent l’envoi de troupes et refusent à Kiev des frappes en profondeur en Russie.
Washington et l’Otan détiennent des “preuves” du déploiement de soldats nord-coréens en Russie: “C’est une question très grave”
La Corée du Nord aurait déjà fourni à la Russie un soutien matériel, dont au moins trois millions d’obus d’artillerie et des dizaines de missiles balistiques, selon le renseignement américain. Du matériel qui aurait contribué à l’intense campagne de frappes en profondeur que subit l’Ukraine depuis les positions russes.
Le secrétaire d’État à la Défense Lloyd Austin veut toutefois nuancer. Selon lui le fait que Vladimir Poutine a besoin de renforts nord-coréens est “une indication qu’il est peut-être encore plus en difficulté que la plupart des gens ne le pensent”, d’après le New York Times. L’escalade est aussi le reflet d’une guerre d’usure.