Le premier objectif a été atteint. Les tensions ont baissé de plusieurs crans entre les partenaires, et le dialogue a repris.
La réalisation du second – la reprise des négociations en vue de former un gouvernement bruxellois – reste en revanche fort incertaine.
Des réunions bilatérales présentées comme potentiellement décisives doivent avoir lieu ces mercredi et jeudi. Des questions claires seront posées aux différents partis. Le PS est-il prêt à gouverner avec la N-VA ? Le MR et l’Open VLD sont-ils, au contraire, prêts à y aller sans le parti de Bart De Wever ?
À ce stade, rien n’indique que les positions des uns et des autres aient évolué significativement.
Ahmed Laaouej et “le caractère raciste” de la N-VA
Officiellement, toutes les formules de majorité (avec la N-VA ; sans la N-VA mais avec le CD & V ; sans le PS mais avec Écolo et Défi) restent sur la table. En pratique, la majorité serpent de mer (NdlR : on en parle sans jamais la voir), avec notamment le PS et le MR, et dans laquelle le CD & V remplacerait la N-VA, semble la piste la plus crédible.
Ahmed Laaouej (PS) et Cieltje Van Achter (N-VA) ont beau s’être assis autour d’une même table pour la première fois depuis le scrutin du 9 juin, la position du PS bruxellois vis-à-vis de la N-VA n’a pas varié d’un iota.
Autour de la table, assurent certaines sources politiques, le socialiste aurait même comparé la N-VA à “un parti raciste“.
“Les termes employés visaient plutôt à dénoncer les expressions à caractère raciste de la N-VA“, nuance une source francophone.
Un constat clair va forcément ressortir de cette mission d’information : faire s’entendre les deux majorités francophones et néerlandophones préexistantes est impossible. L’axe PS-MR-Engagés et l’axe Groen-Vooruit-Open VLD-N-VA, en particulier le PS et la N-VA, ne sont pas réconciliables”.
“Ahmed Laaouej est loin d’être seul dans son refus de gouverner avec la N-VA. Il est soutenu par le PS bruxellois. Et tant Écolo que le PTB et Défi sont globalement sur la même ligne. En fait, 65 % des élus francophones du Parlement bruxellois ne veulent pas de la N-VA, observe une source politique néerlandophone bien informée. Un constat clair va forcément ressortir de cette mission d’information : faire s’entendre les deux majorités francophones et néerlandophones préexistantes est impossible. L’axe MR-PS-Engagés et l’axe Groen-Vooruit-Open VLD-N-VA ne sont pas réconciliables puisque le PS et la N-VA ne le sont pas.”
Si ce constat semble désormais partagé par la plupart des partis bruxellois, cela n’est guère le cas chez les libéraux.
L’Open VLD assure depuis des semaines que l’axe néerlandophone à quatre partis (Groen, N-VA, Open VLD, Vooruit) ne peut être défait. Le président de Vooruit, Conner Rousseau, n’a pas dit autre chose, début mars. “Il est dans l’intérêt de Bruxelles que le plus grand parti du pays, le parti du Premier ministre, soit à la table”, a-t-il indiqué dans Het Laaste Nieuws, demandant au PS à “respecter la majorité néerlandophone”.
L’Open VLD et Frédéric De Gucht sous pression
Cette majorité néerlandophone n’existe toutefois plus de facto, depuis qu’Elke Van den Brandt a remis son tablier comme formatrice, pour entamer une mission d‘information. La ministre bruxelloise de la Mobilité est loin d’être opposée, sur le fond, à une majorité dans laquelle le CD & V (qui avait ouvert la porte en ce sens) remplacerait la N-VA. L’écologiste est toutefois bien trop prudente pour entreprendre la moindre manœuvre tant que les libéraux (Open VLD et MR) n’émettront pas un signal clair sur la possibilité de former un gouvernement sans la N-VA. Il est probable, alors, qu’elle soit suivie par Ans Persoons (Vooruit).
Frédéric De Gucht (Open VLD), qui refuse d’envisager un exécutif sans la N-VA, peut donc s’attendre à voir la pression monter d’un cran sur ses épaules durant les prochaines heures, alors que les socialistes aimeraient lui refiler le valet noir.
Frédéric De Gucht (Open VLD) : “Si on ne prend pas des mesures budgétaires très vite, Bruxelles risque de se retrouver sous la tutelle du fédéral”
Que se passera-t-il ce vendredi ?
L’idéal pour Christophe De Beukeleaer et Elke Van den Brandt serait que David Leisterh reprenne la main pour former un gouvernement, dont il deviendrait ministre-Président.
Mais ce dernier ne le fera que si une piste de solution véritablement concrète se dessine. Le chef de file du MR bruxellois, qui a imputé à Ahmed Laaouej l’échec de sa mission de formateur, semble par ailleurs peu enclin à tester cette piste de majorité sans la N-VA prônée par le socialiste depuis des mois.
Les informateurs peuvent toujours, en désespoir de cause, prolonger leur mission, ou passer la main à un nouveau duo, pour déminer la situation.
Mais le temps est un luxe dont la Région bruxelloise ne dispose plus.
Les graves conséquences de l’absence de gouvernement bruxellois
Le Parlement bruxellois examine ce jeudi une nouvelle demande de budget douzièmes provisoires, pour les mois d’avril, mai et juin. De larges dépassements sont déjà annoncés. Le réveil risque d’être difficile quand il faudra s’attaquer aux réformes…