Faisons le bilan. Après des semaines de grèves à répétition, où chaque syndicat, aussi marginal soit-il, orchestre son propre calendrier du chaos, les usagers sont pris en otages. Cette semaine, c’est au tour du discret syndicat METISP-Protect de bloquer le réseau, emboîtant le pas aux neuf jours de grève du Syndicat Indépendant des Cheminots (SIC). Les grandes centrales syndicales s’apprêtent à leur tour à arrêter le travail au moins deux semaines par mois, pour une durée illimitée. Rien que ça. À cette cadence, on dépassera vite la prévision de 75 jours de grandes perturbations…
Pourquoi une telle paralysie ? Pour contester la réforme des pensions voulue par le gouvernement de l’Arizona, qui prévoit de relever l’âge de départ à la retraite des conducteurs et accompagnateurs de train, historiquement fixé à 55 ans. Résultat : à partir de mai, on nous promet deux semaines de grève par mois.
Bien sûr, la pénibilité du métier doit être prise en compte. Mais nier les avancées technologiques qui ont allégé les conditions de travail est une posture difficilement tenable. Quel culot aussi par rapport à toutes les personnes qui travaillent sans compter dans des tâches lourdes, mais essentielles, comme bon nombre d’infirmiers, d’ouvriers ou de policiers. Ceux-ci n’oseraient jamais réclamer la pension à 55 ans.
Grèves sur le rail : six jours consécutifs en avril et deux semaines par mois à partir de mai, voici le nouveau calendrier d’actions du SACT
Ce mouvement de grève, d’une ampleur inédite, dépasse largement la défense des cheminots : il est devenu un instrument politique. Des syndicats arc-boutés sur des privilèges d’un autre temps s’emploient à bloquer l’application d’un programme démocratiquement élu. Pendant ce temps, l’opposition brille par son silence, voire par une complicité affichée, révélant ainsi son décalage avec la réalité des travailleurs. Trop de grèves, tue la grève. Mais pas pour des syndicats du rail en roue libre. S’ils veulent rester des interlocuteurs crédibles, ils doivent cesser de défendre des intérêts corporatistes au mépris de l’intérêt collectif.