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Les Européens (de ce côté-ci du continent) ont longtemps refusé de voir la Russie comme une menace. Ils avaient donc été sidérés, début 2022, quand elle a envahi l’Ukraine, rallumant le feu de la guerre sur le Vieux Continent. Même si la surprise n’est pas totale, ils le sont autant, trois ans plus tard, en constatant que les États-Unis, leur partenaire le plus proche depuis 80 ans, se comportent davantage en puissance inamicale qu’en allié historique. La réalité, dystopique, qui s’impose à l’Union européenne, est celle-ci : la perspective d’une attaque de la Russie, à moyen terme, n’est pas une vue de l’esprit. Et il n’est plus garanti que l’Europe pourrait compter sur le soutien des États-Unis – pour l’heure indispensable – si elle était agressée.
À Paris, secoués par les États-Unis, les Européens intensifient le débat sur la façon d’assurer leur sécurité collective
Les Européens ont vécu, avec le consentement de générations biberonnées à la paix, comme des cigales incapables d’envisager la résurgence de la brutalité. Ils doivent sans délai se muer en fourmis pour renforcer leurs capacités à soutenir l’Ukraine et à se défendre eux-mêmes. Le temps leur est compté, a fortiori si l’issue du conflit, même négociée, devait être favorable à la Russie. L’UE doit passer la surmultipliée en termes de production, d’investissement, de préparation militaire mais aussi politique, de la population. Le pire est encore évitable, à condition que les engagements et réflexions du moment accouchent rapidement de réalisations concrètes, coordonnées et communes. Ce sera difficile, coûteux, et va demander aux États membres et institutions de l’UE de la créativité, du volontarisme et de la cohésion. Ce sera d’autant plus compliqué qu’il faut mener, en même temps, la double transition verte et numérique et relancer la compétitivité, sans saborder le modèle social. La tâche est titanesque. L’enjeu est existentiel.
