LA LISTE DE LA MATINALE
Pour cette première semaine post-Festival de Cannes, les salles de cinéma tournent un peu au ralenti, proposant peu de nouveautés remarquables, excepté Memory, le dernier film du cinéaste mexicain Michel Franco, sur la rencontre insolite de deux personnages blessés, et le documentaire La Belle de Gaza dans lequel Yolande Zauberman déploie de fulgurantes réflexions au croisement du corps et du conflit politique.
A ne pas manquer
« Memory » : sauvés par l’amour
A la sortie de cette réunion des anciens du lycée de laquelle elle part ex abrupto parce qu’un homme la regarde, il y a cette fille intranquille, Sylvia (Jessica Chastain), que l’on a aperçue peu de temps auparavant dans une réunion des Alcooliques anonymes, rébarbative, cadenassée en elle-même. Un drôle de type, Saul (Peter Sarsgaard), celui-là même qui la regardait, un peu lunaire, possiblement dangereux, se met à la suivre obstinément, en pleine nuit, jusque devant chez elle, où elle se boucle en panique derrière sa porte à trois verrous. On est à New York, dans un film tourné en décors naturels et en plans-séquences par un réalisateur mexicain un peu tordu, Michel Franco.
Le lendemain matin, le type dort benoîtement sur le trottoir, à côté des poubelles. Sylvia le fouille, trouve le numéro d’un proche, l’appelle. Elle tombe sur son frère, Isaac. A son arrivée, la situation s’éclaire : il veille sur Saul, qui est atteint d’une démence précoce et ne peut être laissé à lui-même. On repart avec les deux frères, pour faire connaissance avec Saul, un type très doux, que sa maladie égare parfois. Dans cette mise en place du récit, deux informations capitales nous sont ainsi livrées. La défiance contre le règne des apparences. Et la mesure d’insolite qui marque la rencontre de deux grands blessés de la vie, Sylvia et Saul. J. Ma.
Film américain, chilien et mexicain de Michel Franco. Avec Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Brooke Timber, Merritt Wever (1 h 40).
« La Belle de Gaza » : dans les pas d’une femme trans palestinienne, à Tel-Aviv
Des femmes trans dans la nuit de Tel-Aviv. Demi-déesses au corps sculpté, vrillant sur leurs talons dans la lumière des phares. Il se pourrait que l’une d’elles, Nathalie, ait fait le chemin de Gaza. C’est peut-être une légende, mais cela donne un film brûlant de lumière, La Belle de Gaza, de Yolande Zauberman, tourné avant les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, – le documentaire a été présenté en séance spéciale au Festival de Cannes, le 22 mai.
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