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Quarante ans après, le deuxième album d’Isabelle Adjani


Isabelle Adjani, en septembre 2022.

Rejoignant la famille des actrices (Brigitte Bardot, Anna Karina, Mireille Darc, Jane Birkin, Catherine Deneuve) que maître Serge Gainsbourg aimait faire chanter, Isabelle Adjani avait laissé un unique album sans titre, publié en 1983, année où la comédienne mit le feu au box-office avec L’Eté meurtrier de Jean Becker. Il en est resté essentiellement un tube, Pull Marine, avec un clip de Luc Besson largement diffusé, une triste et belle chanson méconnue (Le Mal intérieur) et deux jeux de mots fameux (« J’suis dans un état proche de l’Ohio » et « Beau, oui comme Bowie »). Ce disque avait souffert cette année-là de la concurrence de Baby Alone in Babylone, le premier enregistré par Jane Birkin après sa séparation de Gainsbourg, avec la même équipe de musiciens britanniques. L’enfer des relations sentimentales en constituait également le leitmotiv.

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Quarante ans après, Isabelle Adjani offre une suite inattendue avec Bande originale, fruit d’une collaboration avec Pascal Obispo et son parolier Lionel Florence initiée en 2006, suspendue puis reprise avec la complicité de la musicienne electro DeLaurentis, alias de Cécile Léogé. Cette gestation chaotique, mêlant prises de voix d’époque et nouvelles, trouve une unité cinématographique dès un Prélude en cordes dramatiques, avec la voix de profundis de Peter Murphy (chanteur du groupe britannique gothique Bauhaus) annonçant « l’histoire d’une actrice ».

S’ensuit une série de duos à distance avec un casting exclusivement masculin. Et pour le moins bigarré puisqu’on y trouve cadors de la pop française (Etienne Daho, ainsi que Benjamin Biolay pour Il ne manque plus que tu me manques, une réussite), vétérans de la new wave d’Albion (Simon Le Bon, de Duran Duran, et David Sylvian), mais aussi la star sénégalaise Youssou N’Dour, dont le chant se pose artificiellement sur D’accord, comme l’est le flow du rappeur Akhenaton dans Seule. Plus trois participations spectrales, celles des disparus Christophe, Daniel Darc (avec une formule, « J’ai menti pour m’en tirer », qu’aurait pu écrire Gainsbourg) et Philippe Pascal (des groupes Marquis de Sade et Marc Seberg). Sans oublier Obispo lui-même, dont les interventions vocales ajoutent de la confusion.

Tropisme nippon

L’ensemble privilégiant les atmosphères au détriment des mélodies est fortement coloré par les années 1980 et 1990, avec des sons new age (rappelant la musique du Grand Bleu), trip-hop et même french touch dans Les Courants d’air, les voix d’Adjani et de Gaëtan Roussel étant traitées au vocodeur dans un clin d’œil appuyé à Daft Punk. Après Samourai, l’interlude instrumental Shamisen, du nom du luth japonais, oriente l’album vers un tropisme nippon, confirmé par Hara-Kiri, pastiche de Peter Gabriel avec le revenant britannique Seal, et Japan Airlines, avec son introduction murmurée par Adjani dans la langue de Mishima. Et plus généralement par une inspiration puisant dans les hybridations du compositeur Ryuichi Sakamoto, mort en mars.

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Written by elitebrussels

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