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Reportage à la marche contre l’antisémitisme: “On n’ose plus aller dans certains quartiers”


“Ma fille à l’ULB se sent menacée tous les jours”

La majorité des participants d’origine juive rencontrés sur place disent craindre pour la sécurité au quotidien. “Nous nous sentons clairement en danger. Ma fille est à l’ULB et se sent menacée tous les jours. Elle rase les murs, il ne faut pas trop s’afficher pour le moment. Il y a des quartiers où l’on n’ose pas trop aller. Si j’avais une étoile de David, j’éviterais de la mettre en rue”, explique Gilles, qui pointe du doigt la position ambiguë du gouvernement. “On attend un signal fort du gouvernement fédéral, que le premier ministre s’affiche clairement. Quand on saccage un cimetière juif à Marcinelle, personne ne dit rien. J’attends de notre souverain le Roi Philippe qu’il évoque notre situation lors de son discours de Noël. Sans signal fort, la situation va continuer à s’envenimer.”

Bruxelles - Place de la Chapelle vers Place Poelaert: Une marche nationale contre l'antisémitisme s'est tenue dans la capitale, à l'initiative du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), du Forum der Joodse Organisaties (FJO) et de la Ligue Belge contre l'Antisémitisme (LBCA). A Bruxelles, le 10 décembre 2023
Bruxelles – Place de la Chapelle vers Place Poelaert: Une marche nationale contre l’antisémitisme s’est tenue dans la capitale, à l’initiative du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), du Forum der Joodse Organisaties (FJO) et de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA). A Bruxelles, le 10 décembre 2023 ©JC Guillaume

“Personnellement, dans la vie de tous les jours, je ne crains pas pour ma sécurité car je ne fréquente pas les milieux juifs. Je me suis en revanche demandé si c’était une bonne idée de me rendre à cette marche”, explique Alexis. “La Belgique est un pays démocratique et je déplore l’importation jusqu’ici du conflit au Proche-Orient. La majorité des juifs sensibles à l’existence d’Israël ne soutiennent pas nécessairement Netanyahou et sa politique. Je trouve abominable de voir à quelle vitesse le massacre produit par le Hamas le 7 octobre a disparu des consciences majoritaires.”

Beaucoup de citoyens non-juifs ont également arpenté les rues de Bruxelles ce dimanche. “On demande avant tout la sécurisation de la communauté juive en Belgique”, explique Albert, originaire de Lessines. “Est-ce que cette marche va changer quoi que ce soit ? Je ne le pense pas mais je suis pour consoler le peuple juif et montrer au gouvernement qu’il y a une importante partie de la population qui soutient les juifs. Ce n’est pas normal qu’ils soient attaqués dans les écoles, les synagogues. C’est bien de savoir que des Belges non-juifs les soutiennent.”

Marche contre l’antisémitisme à Bruxelles : 4.000 personnes étaient présentes selon la police (PHOTOS ET VIDEOS)

L’Union des Progressistes Juifs de Belgique (UPJB) a marché au sein d’un bloc commun, quelque peu à l’écart du cortège principal, se disant “contre l’antisémitisme et toutes les formes de racisme” et dénonçant fermement “l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme à des fins racistes ou islamophobes”.

Un bloc juif féministe et antiraciste a également pris part au cortège, se voulant “en cohérence avec les valeurs démocratiques et la rigueur morale que nécessite la lutte contre l’antisémitisme – dont la recrudescence récente en Belgique et à travers le monde est alarmante.”

Contrairement à ce que certains craignaient, aucune contre-manifestation n’a été organisée. Seule une bâche indiquant “From BXL to Gaza, free Palestine”, était visible sur un toit depuis la place Poelaert où se sont tenus les discours avant la dislocation de la manifestation.

Bruxelles - Place de la Chapelle vers Place Poelaert: Une marche nationale contre l'antisémitisme s'est tenue dans la capitale, à l'initiative du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), du Forum der Joodse Organisaties (FJO) et de la Ligue Belge contre l'Antisémitisme (LBCA). A Bruxelles, le 10 décembre 2023
Bruxelles – Place de la Chapelle vers Place Poelaert: Une marche nationale contre l’antisémitisme s’est tenue dans la capitale, à l’initiative du Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB), du Forum der Joodse Organisaties (FJO) et de la Ligue Belge contre l’Antisémitisme (LBCA). A Bruxelles, le 10 décembre 2023 ©JC Guillaume

Aucune bannière partisane n’était de la partie, mais un grand nombre de personnalités politiques ont fait acte de présence, tels que Paul Magnette (PS), Rajae Maouane (Ecolo), Georges-Louis Bouchez (MR), Sophie Rohonyi (DéFi), Elio Di Rupo (PS) ou encore Maxime Prévot (Les Engagés). Le PTB avait annoncé son absence, jugeant l’événement instrumentalisé pour empêcher la critique à l’égard de l’État d’Israël.

Depuis le 7 octobre, le nombre d’actes antisémites a été multiplié par dix en Belgique. De son côté, le ministre de la Justice Paul Van Tigchelt (Open VLD) assure que chaque signalement fait l’objet d’un suivi judiciaire. “J’ai rencontré les magistrats référents en matière de crimes de haine des parquets d’Anvers, de Bruxelles et de Liège. Ils ont souligné une fois de plus que chaque procès-verbal faisait l’objet d’un suivi judiciaire, comme prescrit par circulaire. La semaine dernière, une personne a été interpellée à Eupen et des images ont été diffusées à Anvers pour identifier des suspects d’actes antisémites. Nous appelons la communauté juive à toujours signaler tout cas d’antisémitisme. Les magistrats de référence veilleront également à ce que la communauté juive soit informée des enquêtes menées à ce sujet”, selon le ministre.



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Written by elitebrussels

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