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Timour Ducarme, chargé de communication à Infor Drogues & Addictions Bruxelles, n’est pas étonné par les résultats de cette étude puisque son organisme accueille fréquemment des consommateurs de stupéfiants, notamment de la kétamine.
C’est particulièrement le cas des jeunes en pleine construction identitaire, période propice aux premières sorties, aux premières soirées où l’on testera souvent pour la première fois des stupéfiants. Une fois essayée, la consommation de kétamine sera parfois répétée, notamment pour tenter de fuir son quotidien ou pour se sociabiliser et faire partie d’un groupe. Une consommation qui, dans certains cas, enclenchera une addiction.
Effets euphoriques
“Le personnel psychosocial qui travaille au sein d’Infor Drogues & Addictions rapporte que les personnes qui consomment de la kétamine qui se présentent chez nous disent rechercher l’enivrement, une sorte d’euphorie accompagnée d’hallucinations, explique Timour Ducarme. Les effets euphoriques sont vraiment importants et l’utilisation a notamment lieu dans un cadre festif qui est – si l’on peut dire – “idéal” pour chercher cette euphorie. La kétamine est aussi un produit désinhibant, comme peut l’être l’alcool, conduisant à une perte de repères et de douleurs. L’autre danger de la kétamine, c’est que si vous vous faites du mal, vous pouvez ne pas vous en rendre compte”, en raison de son effet anesthésiant.
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Mais selon Timour Ducarme, le risque le plus élevé, c’est ce qu’on appelle le “K-Hole”. Il s’agit d’un un état de dissociation intense lorsqu’une dose élevée, excessive, non contrôlée, est consommée, ou à la suite d’une accumulation de petites doses. “C’est une sorte de black-out non désiré, un peu comme l’est le coma éthylique lorsqu’il y a une trop grande consommation d’alcool.”
Contexte anxiogène
S’il n’existe pas de grandes études chiffrées permettant de comprendre l’ampleur du phénomène lié à la consommation de kétamine, Timour Ducarme précise qu’après le “trio alcool, cocaïne, cannabis”, les demandes d’aide et de suivi pour la consommation de kétamine sont les plus élevées.
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“Le travail de prévention qui doit être mené pour lutter contre la consommation des stupéfiants est fondamental, mais il faut, pour cela, éviter des discours culpabilisants, poursuit le porte-parole. Dire aux gens ‘la drogue c’est mal’ ne servira à rien. Pour de la prévention utile, il faut se demander pourquoi les gens prennent de la kétamine, ou pourquoi ils prennent de la drogue, tout simplement.”
Un autre constat d’Infor Drogues & Addictions, partagé par de nombreux acteurs de terrain, est le lien entre précarité, mode de vie et consommation de stupéfiants. “Si la consommation de drogues augmente, c’est parce qu’il y a de plus en plus d’individus qui ont manifestement besoin d’être désinhibés. La kétamine est de plus en plus consommée depuis l’après-Covid, surtout par les jeunes. Quand on sait la détresse dans laquelle ce public s’est retrouvé durant les confinements, les liens sont évidents. De façon plus générale, l’état de la société et le fait de vivre dans un contexte de plus en plus anxiogène avec les conflits armés qui se multiplient dans le monde donnent envie aux gens de tout oublier, de s’oublier. Certains le font avec de l’alcool, d’autres en consommant des stupéfiants”.
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Et de conclure : “Si nous voulons lutter contre ce phénomène, il faut se demander pourquoi un individu consomme. C’est en questionnant les besoins auxquels répond la consommation ou en interrogeant le contexte de vie qui pousse à la consommation qu’on arrivera à avancer.”
