Salah Hamouri, écrit l’UEJB, fut “condamné pour terrorisme par la justice israélienne en 2008, pour participation à une tentative d’assassinat de l’ancien grand Rabbin d’Israël, une tentative d’attentat terroriste à laquelle il a reconnu avoir participé. Il est également membre du FPLP [Front populaire de libération de la Palestine], organisation considérée comme terroriste par l’Union européenne.” Aux yeux de l’UEJB, il est révoltant que l’ULB “accueille ce type de personnalité dans son enceinte”.
L’an dernier en France, que ce soit à Nancy ou Lyon, la venue de Salah Hamouri avait déjà suscité d’importantes polémiques. Auprès de la presse française, l’avocat refusait cependant le qualificatif de terroriste et rappelait que s’il avait plaidé coupable dans le projet d’assassinat du rabbin Ovadia Yossef, c’était “pour éviter 14 ans de prison”. À plusieurs reprises, il fut cependant incarcéré par Israël (ce qui ne manqua pas d’inquiéter Emmanuel Macron en 2017, ainsi que des ONG internationales, craignant pour ses droits). Salah Hamouri, comme le rappelle aujourd’hui Grégory Mauzé, chargé de plaidoyer politique pour l’APD, nie également être membre du FPLP et évoque des emprisonnements politiques et injustes.
Est-il judicieux de choisir l’État d’Israël comme partenaire privilégié dans la lutte contre l’antisémitisme ?
Un clivage grandissant
Gad Deshayes, coprésident de l’Union des Étudiants Juifs de Belgique (UEJB), maintient sa grande inquiétude à propos de cette conférence. “On ne peut balayer le fait qu’il fut condamné par un État. Et il faut remettre sa venue dans le contexte actuel d’une montée des discours antisémites sur le campus de l’ULB et sur les réseaux sociaux. La première version de l’affiche annonçant sa conférence illustrait par exemple un État palestinien s’étendant sur l’entièreté du territoire d’Israël, rejetant de ce fait l’autodétermination du peuple juif.”
Comme en écho, Grégory Mauzé regrette de son côté une criminalisation du soutien à la Palestine. “Oui, on doit parler de l’antisémitisme, mais c’est par le dialogue et non par la censure que l’on y parviendra, et certainement pas en assimilant toute critique légitime de la politique d’Israël à du racisme anti-juif”, souligne-t-il, évoquant une “confusion” quant au premier choix de l’affiche.
De son côté, l’ULB n’interdit pas la tenue de la conférence. “Ces activités sont organisées dans le cadre de l’autonomie dont jouissent les cercles associatifs reconnus par l’Université, souligne-t-elle. Notre Institution n’en approuve pas nécessairement le contenu. Elle réaffirme quant à elle son engagement en faveur d’une paix juste et durable, du respect du droit international et de la protection des droits fondamentaux pour tous les citoyens concernés dans cette région du Proche-Orient.”
Cette polémique témoigne d’un clivage grandissant sur le campus (de l’ULB en particulier) autour de la question israélo-palestinienne.