Le climat change plus rapidement que jamais. Le réchauffement s’accroît désormais à un rythme de 0,26 °C par décennie, un record dans les relevés, selon une nouvelle étude scientifique publiée dans Earth System Science Data, mercredi 5 juin, par un groupe international de 59 scientifiques de renom, issus de 44 institutions. Des résultats qui s’illustrent tragiquement au quotidien dans de nombreux pays, qu’il s’agisse des canicules extrêmes en Inde, au Pakistan ou au Mexique, du « dôme de chaleur » en Californie ou des inondations meurtrières dans le sud du Brésil.
Comme l’an dernier, ces chercheurs ont mis à jour les principaux indicateurs climatiques du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié en 2021, afin d’éclairer les négociations climatiques. La prochaine évaluation de l’instance onusienne n’est pas attendue avant 2027, « ce qui risque de créer un déficit d’information entre les cycles de rapports », indiquent les auteurs pour justifier leur démarche. Il s’agit de l’état du climat « le plus à jour et le plus clair », et « ce que nous voyons est inquiétant », réagit Zeke Hausfather, climatologue à l’institut Berkeley Earth, qui n’a pas participé à l’étude.
Il ne fait « aucun doute » que le monde se réchauffe désormais plus rapidement que le rythme de + 0,18 °C par décennie observé entre 1970 et 2010, rappelle-t-il. Le réchauffement s’est également accéléré entre la décennie 2010-2019 analysée dans le dernier rapport du GIEC et celle de l’étude dans Earth System Science Data (2014-2023).
« Bien que cette accélération soit globalement conforme aux modèles climatiques, elle n’en demeure pas moins un signe inquiétant que les impacts climatiques vont s’aggraver plus rapidement », prévient le scientifique. « On n’est malgré tout pas dans un emballement ou une réponse incontrôlée du système climatique », ajoute Pierre Friedlingstein, directeur de recherche (CNRS) à l’Ecole normale supérieure et l’un des signataires de l’étude. Le premier auteur, Piers Forster, climatologue à l’université de Leeds (Royaume-Uni) se montre encore plus prudent et estime pour sa part qu’il n’y a « pas de preuve claire » que cette accélération se poursuive.
+ 1,19 °C en moyenne au cours de la dernière décennie
Quel que soit le terme employé, reste une réalité : le réchauffement dû aux activités humaines a atteint un nouveau record, avec + 1,19 °C en moyenne au cours de la dernière décennie (2014-2023) par rapport à l’ère préindustrielle – contre + 1,07 °C entre 2010 et 2019. La hausse des températures est plus élevée sur les continents (1,74 °C) qu’en surface des océans (1,19 °C).
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