Muddy Waters, le « tombeur » de Casino, est de retour en France et cible, cette fois, une entreprise du CAC 40. Le fonds activiste piloté par le célèbre vendeur à découvert américain Carson Block a publié, lundi 24 juin, un rapport de trente-cinq pages critiquant Eurofins Scientific, le géant mondial de la bioanalyse, qu’il accuse d’être « optimisé pour la malversation ». Le groupe, créé en 1987 à Nantes, mais dont le siège social a été transféré à Bruxelles, a rejeté ces allégations, mardi 25 juin, dans un communiqué, jugeant le rapport « soit inexact, soit non pertinent, soit partial et/ou trompeur ». Et regrettant que le fonds américain ne soit « jamais » entré en contact directement avec l’entreprise avant sa publication.
Après avoir été suspendue, l’action Eurofins affichait lundi une baisse de près de 17 %, ayant entraîné l’évaporation de 1,7 milliard d’euros de valeur boursière. M. Block précise qu’il détient une position vendeuse. Autrement dit, il a emprunté au préalable des actions du groupe, les a revendues et compte bien les racheter moins cher afin de les rendre à leur propriétaire, en encaissant une belle plus-value au passage.
Mais le financier se présente aussi comme un journaliste d’investigation. « Ce rapport est une opinion journalistique », indique-t-il en préambule. Son analyse s’appuie d’ailleurs sur des « sources », d’anciens employés d’Eurofins qu’il a pu interroger, et dont il rapporte des propos sous le couvert de l’anonymat. M. Block n’a pas contacté directement l’entreprise cofondée et dirigée par le Français Gilles Martin, mais, visiblement, a fait poser des questions par d’autres investisseurs.
« Collection d’entreprises avec un esprit start-up »
En octobre 2019, le traqueur de salmonelle et de coronavirus avait déjà fait l’objet d’une campagne activiste de la part d’un vendeur à découvert. Pointant l’organisation jugée très complexe d’un géant employant 61 800 collaborateurs, qui s’est construit par acquisitions, le britannique ShadowFall avait mis en doute la fiabilité de la comptabilité d’Eurofins, jugeant même possible une crise de liquidité.
Ces critiques avaient été toutefois vite éteintes, la pandémie de Covid-19 ayant fait bondir les profits d’Eurofins et son cours de Bourse. A tel point que le spécialiste de la bioanalyse avait fait son entrée au CAC 40 le 17 septembre 2021. Dans un portrait publié par Le Monde le 9 novembre 2021, Gilles Martin présentait alors Eurofins comme une « collection d’entreprises avec un esprit start-up ». Le groupe pesait plus de 23 milliards d’euros : depuis, sa capitalisation a été divisée par deux, avant même la nouvelle charge lancée lundi.
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