A l’issue d’une audition d’Hugo Auradou et Oscar Jegou, les rugbymen français inculpés de viol en Argentine, leur avocat argentin s’est dit convaincu, jeudi 8 août, « qu’ils vont retrouver rapidement la liberté », ayant déposé une demande en ce sens un mois après leur arrestation.
« Nous sentons la liberté, nous sommes confiants (dans le fait) qu’ils vont retrouver rapidement la liberté » a déclaré à la presse Me Rafael Cuneo Libarona, après plus de cinq heures de dépositions d’Hugo Auradou, puis d’Oscar Jegou, au pôle judiciaire de Mendoza. Ces dépositions, recueillies par le procureur de l’Unité des délits sexuels, Dario Nora, en présence des avocats des deux parties, étaient les premières sur le fond, depuis leur arrestation le 8 juillet puis leur inculpation.
Auradou et Jegou, 21 ans tous les deux, sont inculpés de viol aggravé car en réunion, dans la nuit du 6 au 7 juillet sur une Argentine de 39 ans, dans un hôtel de Mendoza, à mille kilomètres de Buenos Aires, où le XV de France venait de disputer un test-match contre l’Argentine. La plaignante, qui a déjà été entendue à deux reprises, affirme s’être rendue avec l’un des joueurs, rencontré en boîte de nuit, dans sa chambre d’hôtel, puis y avoir subi viols et violences par l’un et l’autre joueur, revenu plus tard. Son avocate évoque des preuves « fortes », en particulier des lésions constatées.
Décision prochaine sur leur statut
Pour sa part, l’avocat des rugbymen se dit depuis le début « confiant » de l’innocence des joueurs, qui reconnaissent une relation sexuelle avec la plaignante, mais affirment qu’elle était consentie, et nient toute violence. Me Cuneo Libarona a déposé jeudi une demande de mise en liberté pour les deux Français, qui sont en détention préventive en résidence surveillée depuis le 17 juillet, après avoir passé neuf jours en centre de détention.
Le juge a jusqu’à lundi pour se prononcer, a souligné Me Cuneo Libarona. Le magistrat a la main pour une éventuelle décision d’ici là sur le maintien ou non de la détention préventive, voire pour convoquer une audience afin d’examiner la demande de mise en liberté, ont expliqué les avocats de la plaignante. Le cas échéant, eux aussi peuvent la solliciter. L’avocat d’Auradou et Jégou s’est déclaré jeudi « très content » de la journée d’audience. « Hugo a répondu à plus de 150 questions du parquet, de la défense et (des avocats de) la plaignante, et Oscar a dû répondre à 50, 60 questions de tout le monde ».
Mardi à l’issue de l’audition de la plaignante, il avait évoqué des « contradictions notables » entre ses dépositions, et « différentes versions (qui) ont été accommodées ». Il a par ailleurs regretté, jeudi, que la plaignante à ce jour « se refuse à remettre son téléphone » aux fins d’analyse.
Me Natacha Romano, avocate de la plaignante, a pour sa part commenté les auditions de jeudi, lors desquelles « ont été exposés les faits survenus et les faits dénoncés par la victime, c’est-à-dire les confirmant ».
Les faits, et l’interprétation
Sur la question du consentement, les mis en cause « n’ont jamais pu répondre s’ils avaient demandé à la victime si elle était d’accord ou non », a-t-elle ajouté. Ils ont convoqué « la difficulté à communiquer avec la victime, mais pour eux il était clair que la victime consentait », a ajouté Mauricio Cardello, autre avocat de la plaignante. « C’est évidemment question d’interprétation des parties », mais sur ce qui s’est passé, « les parties ont la même version », a-t-il ajouté.
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Pour l’avocat des joueurs, leur mise en liberté demandée signifie « le retour en France », a-t-il précisé. La liberté « c’est un concept global, pas une restriction », même si cela « n’empêche pas l’inculpation. Le processus (l’instruction) continue », mais « va durer peu de temps » et « pourrait être terminé en deux mois », a-t-il avancé.
Pour Me Romano, le schéma « logique et cohérent » serait que les joueurs demeurent inculpés, et en Argentine. Une expertise psychiatrique de sa cliente reste par ailleurs en attente, mais n’a pu encore être réalisée faute d’expert disponible, a fait savoir l’avocate jeudi. « Mais il ne faut pas oublier qu’elle est la victime, pas l’inculpée », a-t-elle insisté.