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L’UCLouvain et le Pape échangent chaleureusement et avec franchise sur l’écologie et la place des femmes



Une lettre, fruit d’un travail de réflexion réalisé au sein de l’université fut d’abord lue au Pape. Ce texte, qui s’appuyait sur l’encyclique Laudato Si du Pape, témoignait du cri des étudiants face à l’avenir climatique. “Le savoir qu’ils acquièrent dans les auditoires et ailleurs les convainc d’une catastrophe en marche face à laquelle ils et elles se sentent impuissants. Peut alors survenir un sentiment, psychique et physique, d’étouffement.”

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Quelle place, donc, pour les femmes dans l’Église ?

La lettre loue ensuite les pistes de l’encyclique Laudato Si du pape François, qui cherche à ne pas “réduire à une série de réponses urgentes et partielles” la crise écologique et sociale. Le propos se fait ensuite plus critique, interrogeant le passé chrétien, alors que “la situation écologique actuelle a en effet beaucoup à voir avec des rapports de dominations croisées : domination des humains sur la nature, domination des hommes sur les femmes, domination du Nord sur le Sud” auxquels l’Église aurait participé.

“L’un des grands mérites de Laudato si’, poursuit la lettre, est d’avoir insisté sur ce lien, considérant que la situation actuelle constitue ‘une seule et complexe crise socio-environnementale’. Dans cette perspective, l’Encyclique défend une ‘écologie intégrale’, ‘inséparable du bien commun’ qui ‘présuppose le respect de la personne humaine comme telle, avec des droits fondamentaux et inaliénables ordonnés à son développement intégral’. Mais que signifie pour l’Église catholique la notion de ‘développement intégral’ ? L’Église est-elle prête à déployer cette notion dans une perspective intersectionnelle ? C’est-à-dire en prenant en compte les inégalités de classe, de genre et de race ?”

“Cher Pape François poursuit la lettre, la place des femmes, où la trouver dans l’Encyclique ? Les femmes sont les grandes absentes de Laudato si’. Vous me direz peut-être que la question du “soin” à la “maison commune” qu’est notre Terre-mère est une interpellation directe à la vocation féminine. Mais n’est-ce pas autant le cas des hommes ? Ce faisant, ne restons-nous pas dans une injuste répartition des tâches au nom d’une propension soi-disant “naturelle” qui débouche sur une division sexuelle du travail ? La théologie catholique a d’ailleurs eu tendance à renforcer cette division via sa “théologie de la femme”, qui exalte leur rôle maternel tout en interdisant leur accès aux ministères ordonnés. Quelle place, donc, pour les femmes dans l’Église ?”

“Laudato si’porte les germes d’une réflexion prometteuse pour l’inclusion de toutes et de tous. Mais comme souvent dans l’histoire de l’Église, les femmes ont été invisibilisées”, ajoute encore le texte qui évoque également la place des personnes homosexuelles.

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Le Pape répond en champion de l’introspection

“Je sens dans ces mots de la passion et de l’espérance, du désir de justice, de la recherche de vérité”, a répondu François dans son texte avant de mettre en avant la vertu d’espérance. “Nous, chrétiens, nous savons que le mal n’a pas le dernier mot, comme on dit, que ses jours sont comptés. Cela n’enlève rien à notre engagement, bien au contraire l’augmente : l’espérance est l’une de nos responsabilités.” “À ce propos, vous me demandez quelle est la relation entre le christianisme et l’écologie, c’est-à-dire quel est le projet de notre foi concernant la maison commune de toute l’humanité. Je le dirais en trois mots : gratitude, mission, fidélité.”

“La première attitude est la gratitude car cette maison nous est donnée. […]”

“La seconde attitude est celle de la mission : nous sommes dans le monde pour préserver sa beauté et le cultiver pour le bien de tous, en particulier de la postérité, le prochain dans l’avenir”, a souligné François avant de déployer cette idée ainsi que celle de la fidélité à Dieu et à l’Homme.

Le Pape, dans une conception classique qu’en a l’Église, est ensuite revenu sur la dignité inconditionnelle de la femme, et son rôle fondamental pour l’avenir, elle qui est, à ses yeux, “accueil fécond, soin, dévouement vital”. Des termes qui prennent un certain relief après les propos du Pape, le matin même, critiquant l’avortement. Le Pape n’a pas poursuivi de réflexions quant à la place concrète des femmes dans l’Église, mais a évoqué la nécessaire complémentarité entre les hommes et les femmes.

En définitive, bon jésuite, champion de l’introspection, le Pape a répondu aux questions directes des étudiants en les interrogeant sur le sens profond qu’ils donnaient à leurs études, la manière relationnelle dont ils vivaient leur cursus, et leur conception de la vérité. S’interroger à partir de ces trois questions – “comment étudier”, “pour qui étudier”, pour quoi étudier” – obligera chacun à réfléchir sur son engagement profond et son attitude face aux défis de la transition, croit le Pape. La réponse, en quelque sorte, se loge dans le cœur de chacun. Un cœur auquel a renvoyé François : “Aucun plan de développement ne pourra réussir si l’arrogance, la violence et la rivalité demeurent dans nos consciences. Il faut aller à la source du problème qui est le cœur de l’homme.”

Le discours du Pape s’est clôturé sous une longue ovation.

Dans un communiqué distribué à la fin de l’intervention du Pape François, “l’UCLouvain remercie le Pape d’avoir répondu et de partager les préoccupations majeures exprimées par 50 membres de sa communauté. L’UCLouvain déplore néanmoins les positions conservatrices exprimées par le Pape François quant à la place des femmes dans la société”.



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Written by elitebrussels

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