Fossey (Standard) : l’erreur d’un tout jeune capitaine
Il serait faux d’écrire que le Standardman Fossey ne portait pas le brassard sur le terrain de Malines, même si on voyait que le rouge habituel à son bras. “Il avait aussi l’arc-en-ciel mais il a fini par glisser sous le rouge, nous explique-t-on à Sclessin. Marlon n’était pas vraiment au courant de l’action et il ignorait qu’il ne fallait plus mettre l’ancien pour ce week-end.”
Les images montrent en effet un bout de l’arc-en-ciel sous le brassard rouge. Capitaine depuis peu, après le départ d’Aiden O’Neill aux États-Unis, Fossey n’a pas encore tous les codes. Garçon ouvert sur le monde réel, il n’avait aucune intention de se faire remarquer négativement à ce sujet.

Van Helden (Saint-Trond) : un oubli de la… Pro League
La direction trudonnaire était surprise en début de match dans la tribune d’honneur de Courtrai : Rein Van Helden, le capitaine des Canaris, ne portait pas le brassard bariolé. La question ne lui a été posée qu’en fin de rencontre par les dirigeants, histoire de ne pas perturber la lutte finale pour le maintien.
La réponse de Van Helden a surpris : il n’y avait pas de brassard à sa place dans le vestiaire. Le staff de Saint-Trond ne l’avait pas reçu, pas plus que les autres départements du club après une mini-enquête interne. Lundi matin, le club a envoyé un mail à la Pro League pour signaler que son capitaine n’avait pas l’intention d’éviter l’arc-en-ciel. Et aussi pour comprendre comment les Canaris avaient été oubliés dans la distribution des brassards. “D’autant qu’on l’a toujours porté les années précédentes”, précise-t-on dans le Limbourg.

Faire quelque chose une seule fois par saison ne renforce pas suffisamment la lutte pour la liberté des personnes LGBTQIA+.
Anthony Moris (Union) : un choix de la direction pour marquer son désaccord
Avec Beveren, l’Union est considérée comme le club le plus inclusif du football belge par “Out for the win”, l’association pour les droits LGBTQIA + dans le sport qui est associée dans l’action annuelle de la Pro League. Il était donc particulièrement étonnant de voir le capitaine saint-gillois Anthony Moris avec un brassard classique samedi soir au Lotto Park.
Le gardien a simplement mis la tenue posée à sa place dans le vestiaire, dont un simple brassard bleu. L’ordre venait d’en haut : la direction bruxelloise a décidé de ne plus porter l’arc-en-ciel. “Faire quelque chose une seule fois par saison ne renforce pas suffisamment la lutte pour la liberté des personnes LGBTQIA +, nous précise-t-on à l’Union. À nos yeux, c’est un travail de chaque jour dans nos valeurs.”
Les Saint-Gillois soutiennent la lutte via différentes collaborations, notamment avec la Rainbow House. Le week-end prochain, pour soutenir la Pride à Bruxelles, le club participera à une action avec le Rainbow Refugee Committee en versant des fonds récoltés grâce aux supporters en proposant du contenu sur ses réseaux sociaux. Les joueurs seront aussi impliqués dans le mouvement par une visite du centre d’accueil de l’association.

Adem Zorgane (Charleroi), Loïc Mbe Soh (Beerschot) et Dogucan Haspolat (Westerlo) : un refus philosophique
Le match Charleroi-Westerlo a ouvert d’une bien drôle de manière le week-end d’action de la Pro League vendredi soir : aucun des deux capitaines ne portait le brassard arc-en-ciel, ni l’Algérien Zorgane, ni le Turco-Néerlandais Haspolat. Un choix personnel des deux joueurs par rapport à leurs croyances religieuses et à leurs convictions philosophiques.
C’est le choix d’Adem Zorgane, pas celui du club. Nous ne craignons pas que ça ternisse notre image.
Charleroi avait proposé le brassard à Zorgane mais il a refusé, comme l’année dernière. Juste avant le match, la direction de Westerlo a demandé à l’état-major carolo si son capitaine le porterait. La réponse a conforté les Campinois qui n’ont donc pas mis de pression de dernière minute à Haspolat, pas du tout chaud avec cette idée. Seuls les drapeaux des poteaux de corner étaient arc-en-ciel au Mambourg.

Chez les Zèbres, on n’a pas cherché à convaincre Zorgane de revoir son jugement. “On vit dans une société où chacun a sa liberté d’expression, précise le directeur général Pierre-Yves Hendrickx. Ce n’est pas le choix du Sporting de Charleroi mais celui de notre capitaine Adem Zorgane. Nous ne craignons pas que cela ternisse notre image.”
Élu joueur de la saison par les supporters avant la dernière rencontre du Beerschot dans l’élite, le Franco-Camerounais Loïc Mbe Soh a également refusé de porter le brassard arc-en-ciel samedi contre le Cercle de Bruges, se contentant d’un bout de tissu blanc totalement neutre.
Aucun des trois joueurs n’a souhaité répondre à nos questions.
