Standard & Poor’s justifie principalement cette décision par l’absence d’une perspective budgétaire pluriannuelle et par les résultats de l’exécution du budget 2024. La Région bruxelloise, privée de gouvernement de plein exercice, n’est en effet pas en mesure de boucler un budget.
La décision de Standard & Poor’s sera-t-elle l’électrochoc qui débloque Bruxelles ? “Même en cas d’abaissement de la note, il n’y aura pas de big bang”
L’agence de notation a également exprimé des inquiétudes spécifiques concernant le niveau d’endettement (qui dépasse 14 milliards d’euros), la situation budgétaire (1,4 milliard d’euros de déficit en 2024, et sans doute plus à la fin de l’exercice 2025) et le cadre institutionnel. Le sous-financement structurel de Bruxelles est également évoqué.
“Le besoin urgent d’un gouvernement”
“Seul un nouveau gouvernement de plein exercice, avec un budget réformé et un chemin crédible vers l’équilibre, peut offrir une perspective d’avenir crédible”, souligne Sven Gatz. “Étant donné que la perspective est négative, le besoin d’un nouveau gouvernement est d’autant plus urgent.” En d’autres termes, la note pourrait encore être dégradée, sans prise en main du pouvoir politique.
La dégradation ne peut pas être attribuée uniquement au gouvernement en affaires courantes, précise-t-il toutefois. Selon lui, l’augmentation des moyens alloués aux primes de rénovation Renolution, une dépense supplémentaire votée par le Parlement bruxellois en décembre 2024, été perçue comme un mauvais signal.
“Quand les experts S&P débarquent, c’est comme un examen de passage. Et on aurait tort de croire qu’on peut les mener en bateau”
Dès lors, ajoute Sven Gatz, la dégradation de la note de crédit devient “une responsabilité collective du gouvernement et du parlement.’
“Bien que S & P continue d’évaluer positivement la liquidité et la situation économique de la Région de Bruxelles-Capitale, les inquiétudes liées à la stabilité financière sont considérables”, ajoute-t-il dans son communiqué.
À court terme, souligne toutefois Sven Gatz, les conséquences restent limitées, car depuis début janvier 2025, un volume important de financement à long terme (1,4 milliard d’euros) a déjà été contracté à taux fixe. L’impact se fera toutefois progressivement sentir, quand il faudra refinancer d’autres parties de la dette.
Bruxelles aura plus de difficultés à trouver des partenaires financiers sur le marché du crédit.”
“Bruxelles aura plus de difficultés à trouver des partenaires financiers sur le marché du crédit et devra payer des taux d’intérêt plus élevés. Le coût supplémentaire pour 2026 est difficile à estimer, car il dépendra aussi des conditions du marché”, ajoute le cabinet Gatz dans son communiqué.
“Il y a un risque d’économies plus aveugles et de hausse d’impôts à Bruxelles”
Le gouvernement sortant, en affaires courantes, annonce qu’il adoptera des mesures conservatoires supplémentaires telles que la poursuite du moratoire sur les recrutements, la réduction des subventions, le maintien de la sous-utilisation des dépenses et le report des investissements. “Ces mesures sont nécessaires, mais insuffisantes. La dégradation de la note souligne l’urgence d’une stabilité politique et de réformes structurelles. L’instabilité politique a un coût direct“, conclut Sven Gatz.
“Tout en appelant à la formation au plus vite d’un Gouvernement de plein exercice, la responsabilité de notre gouvernement sortant est de maintenir le budget dans les contours de la trajectoire pluriannuelle. C’est l’objectif de la conception d’un budget 2025 d’urgence auquel le gouvernement a décidé de s’atteler”, ajoute Rudi Vervoort (PS), ministre-Président bruxellois. “Nous devons aussi poursuivre la préparation de réformes qui permettront de maîtriser le budget à plus long terme. Nous y travaillons”.
Dette hors de contrôle, faillite ou mise sous tutelle ? Ce que risque vraiment Bruxelles en cas de dégradation de sa note par Standard & Poor’s
On aurait pu l’éviter. On aurait du l’éviter. La tristesse et la déception sont énormes face à une Bruxelles qui ne peut pas rester la pépite gâchée de l’Europe. Notre liste de réformes a été publiée. Mais certains ont préféré jouer avec les communistes…”
“On aurait pu l’éviter. On aurait du l’éviter. La tristesse et la déception sont énormes face à une Bruxelles qui ne peut pas rester la pépite gâchée de l’Europe. Notre liste de réformes a été publiée. Mais certains ont préféré jouer avec les communistes…”, a réagi David Leisterh (MR), formateur bruxellois et président du MR bruxellois, en référence à la tentative d’Ahmed Laaouej (PS) de former un gouvernement de gauche.
“Sans une correction rigoureuse, nous risquons un scénario à la grecque au cœur de l’Europe”, a ajouté Benjamin Dalle, chef de file bruxellois du CD&V. “C’est le moment de faire preuve de courage et de remettre les finances sur les rails. Le gouvernement démissionnaire manque de la force nécessaire pour le faire. Il est grand temps que les négociations gouvernementales s’accélèrent.”
Pour DéFI, la responsabilité politique de cette situation est collective, mais elle est particulièrement criante “auprès du PS et du MR”.
“En effet, en septembre dernier, les deux premiers partis bruxellois ont délibérément choisi de reporter toute discussion budgétaire au lendemain des élections communales, alors qu’un accord politique venait d’être trouvé. Une fuite en avant politique, qui a plongé Bruxelles dans l’incertitude et bloqué les réformes nécessaires”, a souligné Sophie Rohonyi, présidente de Défi. Il est encore temps de réagir. Vooruit l’a prouvé en retirant la prise des négociations menées par le PS avec l’extrême-gauche. Le MR et le PS sont maintenant contraints de se reparler.”
Vooruit lâche Ahmed Laaouej
Ce vendredi soir, coincidence ou non, Vooruit a en effet annoncé qu’elle se retirait des discussions avec Ahmed Laaouej, signant de facto la fin de cette initiative, et constatant par ailleurs l’échec de la tentative du MR. Le parti a appelé à une collaboration PS-MR à Bruxelles, en vue d’enfin former un gouvernement.