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Un quart des personnes qui retravaillent après un burn-out connaissent une rechute : “Les gens se sentent peu soutenus par leur hiérarchie”



Publiée en 2023, cette enquête a été menée sur 352 travailleurs. Ce sont tous des patients diagnostiqués en burn-out par un psychiatre, le Dr Mesters. Ces patients ont souffert d’un épuisement professionnel entre 2006 et 2018. C’est ce diagnostic qui a donné lieu à l’arrêt de travail. La durée moyenne de l’incapacité de travail est de 14,6 mois. Si les auteurs soulignent que la méthodologie utilisée ne permet pas de généraliser les résultats à l’ensemble de la population ayant connu un burn-out, les conclusions n’en sont pas moins intéressantes pour autant. Selon le Dr Mesters, il s’agit là de “la seule étude (au niveau national et international) portant sur une population de cette taille et venant du terrain, non académique”. Du reste, l’échantillon (une majorité de femmes, de plus de 40 ans, travaillant comme salariées, dans des grandes entreprises) est comparable à la population consultant pour burn-out. Que faut-il retenir de cette étude ?

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1 Qu’advient-il de ces personnes à l’issue de leur incapacité ?

La moitié de ces personnes (51 %) retourne dans l’entreprise dans laquelle elles travaillaient auparavant. Parmi celles-ci, 42 % changent de fonction, 55 % bénéficient d’un temps partiel médical et un quart (26 %) réduit leur temps de travail contractuel peu après leur reprise. Celles qui ne retournent pas chez leur employeur sont soit licenciées avec indemnités (36 %), soit reçoivent un C4 médical (18 %), soit partent en (pré) pension (18 %), soit encore démissionnent (10 %).

2 Comment se prépare le retour au travail ?

La préparation du retour avec l’employeur et l’accueil reçu lors de la réintégration sont insatisfaisants pour beaucoup de répondants. À peine la moitié des retours est préparée par une ou plusieurs rencontres avant la reprise. Une majorité (58 %) dit avoir reçu un bon accueil de la part des collègues, mais seulement un tiers de la part de leur hiérarchie. “Les individus se sentent peu soutenus, que ce soit par leur hiérarchie ou les ressources humaines”, soulignent les auteurs de la recherche.

3 Quels sont les facteurs qui influencent le retour au travail ?

Les auteurs de l’étude mettent en avant les variables qui influencent le type de retour au travail. Ainsi, ceux qui quittent leur employeur sont en moyenne plus jeunes et sont plus souvent en couple, probablement en raison du soutien reçu par le partenaire ainsi que de la sécurité financière du ménage. La durée de l’incapacité varie également selon certaines variables. Ceux qui quittent leur employeur dès la reprise ont été absents 16 mois en moyenne, contre 11,9 mois pour ceux qui retournent chez leur employeur dans une fonction différente, 9,1 mois pour ceux qui y retournent dans la même fonction et 16,7 mois pour ceux qui partent à la (pré) pension. La violence psychologique subie par le travailleur a également un impact sur la reprise. Elle est associée à une plus grande mobilité des travailleurs.

60 % de ceux qui, pour des raisons financières, reprennent le travail plus tôt que ce que ne le recommandaient leurs médecins connaissent une rechute dans les deux ans.

4 Quel est le risque de rechute ?

Un quart des répondants connaît une ou plusieurs rechutes d’épuisement professionnel de plus d’un mois, durant les années qui suivent l’incapacité de travail pour burn-out. Et ce risque de rechute est d’autant plus grand que les symptômes sont intenses au moment du diagnostic. Le risque de rechute est également lié à l’état de santé lors de la reprise. Plus les symptômes résiduels (cognitifs, émotionnels, fatigue physique) sont intenses au moment de la reprise, plus le risque de rechute est important dans l’année qui suit la reprise. À noter que 60 % de ceux qui, pour des raisons financières, reprennent le travail plus tôt que ce que ne le recommandaient leurs médecins connaissent une rechute dans les deux ans. Enfin, le risque de rechute est plus important chez ceux qui reprennent chez le même employeur (32 %) que chez ceux qui quittent leur employeur (18 %). L’enquête démonte par ailleurs l’idée reçue selon laquelle le burn-out serait souvent l’opportunité d’un nouveau départ professionnel et d’une situation améliorée : pour près de six personnes sur dix (57 %), le bien-être au travail ne s’est pas amélioré.

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5 Quelles sont les recommandations ?

Les rechutes sont le plus souvent une catastrophe pour l’individu et génèrent un coût important pour l’entreprise et la collectivité, écrivent les auteurs de l’étude. Or, ce risque peut être réduit par une récupération suffisante sur le plan physique et psychique, un bon accueil au retour et un dialogue constructif avec la hiérarchie et un changement d’employeur ou de fonction. Et de conclure : “Ces résultats suggèrent que la fragilisation de l’individu ayant vécu un burn-out n’est pas une fatalité et peut être réduite par une prise en compte adéquate du problème, dès la reprise du travail”.

Tout travailleur présentant des signes de burn-out peut désormais bénéficier d’un accompagnement sur mesure

Le ministre de la Santé a annoncé le 31 janvier que le gouvernement fédéral a approuvé sa proposition visant à étendre un projet pilote de l’Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) d’accompagnement des collaborateurs du secteur hospitalier et bancaire confrontés au burn-out. Selon Frank Vandenbroucke (Vooruit), tous les travailleurs (de tous les secteurs) présentant les premiers signes d’épuisement professionnel auront la possibilité de suivre un trajet d’accompagnement personnalisé pour éviter une aggravation de leurs symptômes. La participation à ce trajet est confidentielle et entièrement gratuite. Ce trajet traite tant la dimension organisationnelle (manque de soutien hiérarchique, reconnaissance) que les composantes individuelles (stress, surmenage) du burn-out. Un tel accompagnement impliquera différents professionnels comme des médecins, des psychologues cliniciens, des psychologues du travail, des kinésithérapeutes et des conseillers en prévention. L’objectif est de diminuer les arrêts maladie pour burn-out.



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Written by elitebrussels

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